M. Meier: Gründung und Reform erinnern. Die Geschichte des Klosters Muri

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Titel
Gründung und Reform erinnern. Die Geschichte des Klosters Muri aus der Perspektive hochmittelalterlicher Quellen


Autor(en)
Meier, Matthias
Reihe
Vorträge und Forschungen
Erschienen
Ostfildern 2020: Jan Thorbecke Verlag
Anzahl Seiten
358 S.
von
Gilbert Coutaz

En relation avec le millénaire de sa fondation en 2027, cette publication est une contribution au projet de reconstitution de l’histoire complète du couvent bénédictin de Muri, supprimé en 1841. Elle traite de sa fondation et de sa réforme (XIe et XIIe siècles), qu’elle fait précéder par la présentation du contexte géopolitique de la période et des sources disponibles. Implanté dans la région frontalière des royaumes de Bourgogne et de Souabe et dans la partie sud-ouest du diocèse de Constance, le monastère n’échappe pas aux mouvements institutionnels et ecclésiastiques du Saint-Empire romain germanique.

Le noyau documentaire est constitué des archives issues des fonds historiques du couvent de Muri, aujourd’hui conservés aux Archives cantonales d’Argovie. Il est formé des récits de la fondation, des deux plus anciennes traces écrites du couvent sous forme de copie, le «Kardinalsurkunde» de 1086 et le diplôme impérial d’Henri V de 1114, de quatre bulles pontificales dont celle d’Innocent II, le premier original du couvent de 1139 et de trois diplômes des évêques de Constance. En fait partie l’acte privé du comte Adalbert III, daté entre 1167 et 1119, soit le premier document d’un membre de la Maison de Habsbourg. L’autre partie du corpus a été forgée en dehors du couvent, sans lui être étranger. Elle renvoie aux annales des établissements religieux d’Einsiedeln, d’Engelberg, de Tous-les-Saints, à Schaffhouse, Augsbourg, Marbach, Saint-Blaise dans la Forêt-Noire et Strasbourg, à la chronique de Lambert de Hersfeld, à des chartes et des nécrologes, comme ceux des couvents d’Hermetschwil et d’Ochsenhausen.

Un diplôme et un texte historiographique rapportent les débuts du couvent. Ils reflètent davantage les préoccupations du moment de leur rédaction que celles de l’époque de la fondation. Contradictoires et inconciliables, ils font du passé des Habsbourg et de la fondation des éléments symbiotiques et mémorables.

Le Testament de l’évêque de Strasbourg, Werner Ier, de 1027, fait de lui un des premiers membres de la famille de Habsbourg, en laissant l’ascendance incertaine. Ce document résulte d’un transfert de connaissances assemblées dans la fabrication d’un faux entre 1114 et 1130.

Les Acta Murensia ont été composés vers 1160 par un moine anonyme; ils nous ont été transmis grâce à une copie de la fin du XIV e siècle, interpolée et modernisée. Ils contiennent une histoire du couvent, la nomenclature des domaines défrichés et une généalogie des plus lointaines filiations des Habsbourg.

L’auteur réduit l’évêque de Strasbourg à un rôle consultatif; il privilégie le nom d’Ita de Lorraine (née vers 970) agissant à des fins expiatoires. On lui préfère aujourd’hui le nom de son mari, Radbot, comte dans le Klettgau, soutenu par l’abbé Embrich et les moines d’Ensiedeln, dont Reginbold qui fut le premier prévôt du nouvel établissement. Ses parents, Lanzelin, comte d’Altenbourg, et Liutgarde de Nellenbourg, formeraient la souche de la Maison de Habsbourg.

Dans un souci de persuasion, le chroniqueur des Acta Murensia use d’artifices, comme celui d’enjoliver le réseau monastique de Muri. Il fait de la consécration de l’église conventuelle dédiée à saint Martin de Tours, le 11 octobre 1064, son point culminant. Il aborde un autre aspect dans son récit, celui de la réforme grégorienne qui traverse le couvent, entre 1082 et 1114. Ses buts: asseoir le courant réformiste et défendre le patrimoine territorial. Son exposé est sélectif et choisit une approche téléologique; il délaisse l’aspect des confraternités tissées par Muri avec les centres bénédictins de Hirsau et de Saint-Blaise. L’autonomie revendiquée par les moines passe par une renégociation des relations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du monastère. Il faut toutefois attendre l’intervention, en 1114, de l’empereur Henri V pour que le couvent puisse élire librement son abbé. Le diplôme réglemente les procédures électorales et les attentes associées aux offices; il prévient les empiétements par les titulaires de charge. De plus, il accorde à l’abbé le pouvoir illimité de disposer des biens du monastère et interdit les laïcs de s’immiscer dans les affaires monastiques. Enfin, il accepte que Muri soit soumis au droit et à la protection du siège apostolique en échange du paiement annuel des intérêts.

Au terme de la réforme, le monastère de Muri est devenu un centre et un lieu de la mémoire régionale. Son rayonnement se double de relations personnelles avec les couvents d’Engelberg, de Fahr, de Murbach et de Honcourt. En plus de la munificence des Habsbourg, il bénéficie des libéralités de familles nobles, telles que les von Sellenbüren, ancrées localement.

Parallèlement à son évolution s’affirme l’ascension politique des Habsbourg dans les années 1120 à 1140. Elle se mesure à leur proximité avec les puissants, l’obtention de charges importantes, une politique matrimoniale opportune et l’accroissement de leurs possessions.

À l’autre bout de la chaîne documentaire, les actes pontificaux confirment l’autorité et l’expansion de la communauté de Muri. L’examen détaillé du dernier d’entre eux, à savoir le privilège du pape Clément III du 13 mars 1189, amène à le considérer «comme témoignage culturel de mémoire» de l’aboutissement des relations étroites et fructueuses entre les moines de Muri et les membres de la Maison des Habsbourg.

La construction, déconstruction et reconstruction de la mémoire du couvent démontrent combien l’histoire peut être instrumentalisée et mise au service des intérêts de politique générale.

L’ouvrage en impose tant par son ampleur éditoriale (1420 notes abondamment documentées) que par la richesse de sa bibliographie et les index onomastiques. Par son organisation, il est appelé à être référentiel, au-delà de son objet premier, pour des monographies de ce genre.

Zitierweise:
Coutaz, Gilbert: Rezension zu: Meier, Matthias: Gründung und Reform erinnern. Die Geschichte des Klosters Muri aus der Perspektive hochmittelalterlicher Quellen, Ostfildern 2020. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte 72 (2), 2022, S. 275-277. Online: <https://doi.org/10.24894/2296-6013.00108>.

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